Quand le sentiment d’imposteur s’invite

*Cet article est une adaptation écrite de l’épisode 31 du podcast.

Cet article aborde un sujet que j’ai longtemps hésité à mettre de l’avant parce que j’avais peur de paraître moins professionnelle.

C’était un peu paradoxal justement parce que cette peur était directement reliée au sujet en question. Cependant, je me suis dit, à force d’entendre des collègues en parler et d’en parler moi-même avec d’autres, que ça valait la peine de le faire.

Il est donc question ici du fameux sentiment d’imposteur. 

Je suis à peu près certaine que nous avons tous vécu à un moment donné dans notre carrière, ce sentiment de ne pas être à la hauteur où on s’est posé la question « mais je suis qui moi pour… »

Le sentiment d’imposteur, je crois qu’on ne peut jamais vraiment s’en débarrasser et qu’il faut apprendre à vivre avec. 

Petite mise en garde : je ne suis pas ici pour faire une psychothérapie et je ne me prétends en aucun cas psychologue. Je ne suis pas là vraiment pour te donner des stratégies, mais plutôt pour parler de comment je vis ça. 

Mon but, c’est simplement de m’ouvrir un peu et si je peux faire en sorte que ne serait-ce qu’une seule personne se sente moins seule dans son bateau, alors j’aurai atteint ma mission. 

C’est quoi le sentiment d’imposteur selon moi

Pour moi, le sentiment d’imposteur c’est le fait d’avoir l’impression (ou plutôt d’avoir peur) de ne jamais être à la hauteur, c’est croire que tu n’en sais pas assez ou que tu ne maîtrises pas suffisamment ton sujet (ici l’orthophonie), c’est te demander « pourquoi moi », c’est remettre ta crédibilité en doute en te demandant « je suis qui pour faire telle ou telle chose ».

Mais surtout, le sentiment d’imposteur, ce sont des croyances, des phrases que tu te répètes dans ta tête et qui partent de toi. 

Comment je vis le sentiment d’imposteur

Le plus souvent, quand je « binge » des livres, des formations et des articles scientifiques, c’est souvent mon sentiment d’imposteur qui me mène. Et par « binger », j’entends consommer à outrance.

C’est arrivé tellement souvent que j’ai accumulé des articles ou acheté des livres et des formations sans vraiment prendre le temps de me demander si cela me servira réellement. En fait, quand je fais cela, j’achète pour combler un stress en me disant que faire le plein de connaissances me rendra enfin bonne et à la hauteur.

Le problème, c’est que si je laissais réellement mon sentiment d’imposteur parler, je serais TOUJOURS en train de lire ou d’apprendre. Parce que clairement, on n’en saura jamais assez. 

Petite note ici. Je ne sais pas si c’est ton cas, mais parfois, je trouve que c’est un cercle vicieux. J’ADORE lire et apprendre sur des sujets qui m’intéressent, mais plus je m’expose à des nouvelles connaissances, plus je me rends compte que je ne connais pas grand chose finalement. Ça nourrit mon sentiment d’imposteur alors que j’espérais atteindre l’inverse.

Maintenant, je choisis judicieusement les informations que je consomme pour qu’elle me servent réellement plutôt que de combler une peur du manque et de ne pas être à la hauteur. 

Mon sentiment d’imposteur est aussi bien présent quand je me mets à me comparer à mes collègues et à les trouver donc bonnes et pertinentes. En soi, ce n’est pas mauvais. Le problème c’est quand je commence à douter de moi et à me trouver moins bonne, moins ci et moins ça. Je me demande pourquoi je n’ai pas pensé à X alors que pourtant je devrais avoir les mêmes connaissances et compétences… Après tout, on est toutes les deux orthophonistes… Oui mais…

Je suis contente parce que cette tendance, je l’ai de moins en moins. En fait, maintenant plutôt que de me dévaluer devant le bon travail et les belles initiatives de mes collègues, je m’en inspire. On est une communauté et on est là pour s’entraider. Je me rends compte que peut-être que cette personne m’apporte quelque chose, mais je peux sûrement moi aussi lui apporter quelque chose en échange. Voilà pourquoi, même si ça me fait peur, de temps en temps, j’aime bien commenter dans les groupes de professionnels et partager. Ça me permet de voir que moi aussi je peux contribuer à la réflexion et j’aime le sentiment que ça me procure de sentir que j’appartiens réellement à une communauté. 

Finalement, je sais que mon sentiment d’imposteur est présent lorsque je me mets à vouloir TOUT faire à la perfection. Par exemple, relire 12 fois la même phrase dans un rapport pour changer pour la millième fois une virgule ou encore vouloir faire mes suivis dans la minute près par peur de représailles. Au fond, quand j’essaie d’appliquer en pratique tout ce qui se fait en théorie, alors que je sais très bien qu’il y a un monde entre la théorie et la pratique.

Je crois que le sentiment d’imposteur est un phénomène normal et qu’on le vit toutes de différemment. Maintenant je sais que ce n’est pas vrai qu’il disparait avec le temps et l’expérience, contrairement à ce que j’ai longtemps cru. Il faut simplement l’apprivoiser. 

Parce que le problème avec le sentiment d’imposteur, c’est qu’il nuit à notre progression en tant que professionnel même si on pense le contraire. Oui, ça nous permet de nous remettre en question, de voir ce qui fonctionne pour nous ou non ou encore de s’ajuster si on fait une erreur, mais il ne faut pas non plus tout remettre en question. Bref, ça nous permet d’être de meilleurs professionnels et de s’assurer de bien faire notre travail. 

Elle est là la nuance : ça permet de bien faire son travail et non pas de le faire à la perfection. Un peu comme le dit le proverbe « fait vaut mieux que parfait ». Parce que quand c’est parfait, ça n’avance pas, ça paralyse et à mon avis, ce qui est beau dans un métier comme le nôtre, c’est que c’est en constant changement et qu’on apprend à progresser avec ce qui s’offre à nous. 

Évidemment, le fait d’avoir une certaine structure et un recul par rapport à ce qu’on fait permet de mieux gérer ce sentiment. Cependant, c’est possible, dans certains cas, que le sentiment d’imposteur prenne trop de place. Si ça te paralyse ou encore que ça t’angoisse de façon constante, alors là il faut te questionner. Dans ce temps, ça peut être pertinent d’aller chercher de l’aide pour y voir plus clair et retrouver le plaisir de pratiquer ton métier.

Précédent
Précédent

Utiliser les chiffres pour optimiser ta pratique

Suivant
Suivant

Comment mon attitude a changé ma façon de gérer mon temps