Le mythe de la gestion du temps

*Cet article est une adaptation écrite de l’épisode 51 du podcast.

Dans cet article, je te parle de la fameuse excuse du « j’ai pas (eu) le temps ». À mon avis, il s’agit de l’excuse par excellence parce que c’est « facile » de ne pas avoir le temps de faire quelque chose. Moi-même je ne compte plus le nombre de fois où je l’ai dit ou je me le suis dit et ça arrive encore souvent.

C’est une façon de me déresponsabiliser parce que dire que je n’ai pas le temps de faire quelque chose, c’est un peu comme dire que je n’ai pas le contrôle donc que c’est pas de ma faute si ça n’a pas été fait. Je mets la faute sur le temps. 

C’est plus facile de mettre ça sur le dos du temps que d’admettre qu’on a tout simplement choisi de ne pas prendre le temps de le faire ou qu’on a mal géré notre temps (comme perdre son temps à « scroller » sur Instagram, Fb, TikTok, etc.). Mais en réalité, c’est pas mal ça. 

Le mythe de la gestion du temps

Quand on parle de gestion du temps, c’est de l’utopie. Du temps, ça ne peut pas se gérer point. Il n’existe aucun moyen d’arrêter le temps, de le reculer ou même de l’avancer pour le faire passer plus vite… Je rêve que ce soit possible, mais à ce jour, en 2021, ce n’est pas encore le cas. 

Ça revient donc à dire que, côté temps, on dispose tous du même nombre d’heures dans une journée et que ces heures défilent à la même vitesse pour tout le monde. Alors pourquoi une personne a du temps alors qu’une autre n’en a jamais?

C’est simplement une question d’attitude, de compréhension des pièges de l’organisation et surtout de gestion de ses priorités.

Se responsabiliser

Je pense que la première étape lorsqu’il est question de gestion et d’organisation, c’est de prendre ses responsabilités et de l’assumer si tu as fait une chose au lieu d’une autre ou que tu n’as tout simplement pas fait ce qui devait être fait. 

Arrêtons de dire qu’on n’a pas eu le temps ou qu’on n’a pas le temps. Prendre la responsabilité de tes choix et de tes actions, c’est la meilleure façon d’être proactif dans ta gestion et ton organisation. Parce qu’on va se le dire, ce n’est pas le temps qu’on gère, mais nos priorités.

Mais… je ne sais pas si c’est ton cas, mais moi parfois, je me sens mal de me mettre en priorité par rapport aux besoins des autres alors je dis que je n’ai pas le temps ou j’accepte et je me retrouve à me dire que je n’ai pas eu le temps pour un autre projet qui me tenait à coeur parce que mon assiette était trop pleine. 

Il y a quelque temps, j’ai commencé à dire tout simplement « j’ai pas pris le temps » et ça m’arrive même de faire preuve d’un peu plus d’audace et de dire « écoute, c’est loin dans ma liste de priorités donc je ne prendrai pas le temps pour faire ça ». Sur le coup, je me sens bête de dire ça, mais quand tu expliques et que tu assumes ton choix, les gens comprennent et surtout, le sentiment de culpabilité que j’avais avant quand je m’engageais pour quelque chose qui ne me tentait pas vraiment et pour laquelle je n’avais pas réellement envie de mettre du temps, est beaucoup moins grand. En fait, j’ai peur au début, mais une fois que je l’ai dit, je passe à autre chose.

J’ai remarqué aussi qu’en parlant en termes de priorités plutôt qu’en termes de temps, ça m’amène à être plus proactif dans ma propre gestion de celles-ci. À chaque fois qu’on me demande quelque chose ou même que je pense à quelque chose que je veux ajouter à ma to-do, j’ai le réflexe de me questionner pour savoir si c’est vraiment prioritaire. Je fais donc réellement ce pourquoi je juge « avoir le temps ».

Juste de changer ma phrase, ça m’a menée à être plus en contrôle de mon temps parce que je me questionnais justement avant de m’engager dans quoi que ce soit, que ce soit envers les autres ou envers moi. 

De la même façon, si, à la fin de ma journée, je dis que je n’ai pas eu le temps, le fait de changer ma phrase et de dire que je n’ai pas pris le temps, fait en sorte que je me questionne davantage afin de savoir pourquoi j’ai pas pris le temps. Est-ce que c’est parce que j’ai priorisé autre chose qui ne devait pas l’être? Est-ce que c’est parce que j’ai étiré le temps de pause que je m’étais octroyé? Ça me permet de m’ajuster pour les jours suivants. 

Gérer ses priorités

Le deuxième truc qui m’a vraiment aidée à me sentir plus en contrôle de mon temps et surtout à moins avoir l’impression que tout me tombe dessus, c’est de me mettre à gérer mes priorités plutôt que mon temps. 

Parce que du temps, ça ne se gère pas. On n’a pas de contrôle. Donc autant mettre son énergie sur ce sur quoi on a le contrôle, soit nos priorités. Et ça aussi ça fait partie de la responsabilisation. En me mettant à gérer mes priorités, j’ai eu à me questionner plus souvent qu’à mon tour, à m’arrêter et à faire ben du ménage dans tout ce que j’entreprenais. 

C’est maintenant un exercice que je fais régulièrement. Je m’arrête, je regarde ce que j’ai à mon horaire, ce que j’ai sur ma to-do et ce sur quoi je veux me concentrer. Ça me permet de remettre les choses en perspective. C’est d’ailleurs ce changement de vision qui m’a menée à faire de gros changements dans ma pratique dans les dernières années.

Pour ma part, j’écris. Je me fais des mindmap et des listes et je regarde ce que je veux prioriser dans l’année. Ensuite, je décortique tout ça en trimestres. Une fois que j’ai positionné mes priorités, alors c’est plus facile d’organiser mon horaire autour de ça et de visualiser le temps dont je dispose pour le reste. Mais surtout, je peux déterminer le temps que je vais accorder à ces priorités. 

Les pièges du temps

Ça t’arrive de faire quelque chose et d’avoir l’impression que le temps a filé à la vitesse de l’éclair alors que dans une autre situation, les minutes te paraissent comme des heures? On s’entend, dans les deux cas, c’était 30 minutes et 30 minutes c’est 30 minutes peu importe ce que tu fais. 

Tout est donc dans la perception qu’on a du temps. Et c’est souvent ça qui peut faire en sorte qu’on se fait prendre au piège dans notre « gestion des priorités ». Parce que c’est une chose de bien gérer ses priorités mais il faut savoir ne pas tomber dans les pièges.

J’en parle de long en large dans le programme Pratique efficace. En fait, je consacre un module entier aux pièges de la gestion du temps et aux lois de la productivité. Cependant, j’avais envie de te parler du PIÈGE en chef qui fait souvent en sorte que tu te retrouves à te dire « j’ai pas le temps ou j’ai pas eu le temps ». 

Il s’agit de ton estimation du temps. Le temps, c’est aussi une question de perception et malheureusement, peu importe ce qu’on fait, c’est le propre de l’humain de sur-estimer le temps dont il dispose et de sous-estimer le temps qu’une tâche lui prendra. Autrement dit, on pense toujours qu’on a plus de temps qu’on en a en réalité. 

Combien de fois t’es-tu dit en regardant ton horaire : « Hey j’ai un bloc de 3 heures! Je vais avoir en masse de temps pour rédiger tout mon rapport ou encore pour faire X + Y + Z tâche. » Et je suis à peu près certaine qu’au terme de ces trois heures, tu étais loin d’avoir atteint tes objectifs. C’est mon cas encore aujourd’hui. Je tombe dans le piège. Parce que dans notre tête, on se dit que 3 heures c’est long. C’est peut-être vrai, mais ça dépend c’est long pour quoi… Tout est relatif...

Pis de l’autre côté, tu te dis que de faire une tâche X ne te prendra pas plus que 30 minutes alors que dans les faits, tu en aurais pris 45 voire 60. Tu as donc pris du retard sur ta liste et sur ton échéancier. Parce que ça aussi c’est le propre de l’humain de toujours planifier comme si tout allait bien se dérouler dans le meilleur des mondes. Mais on oublie trop souvent les distractions qui sont bien plus fréquentes qu’on pense. 

Ainsi, d’un côté on se dit que 1 heure c’est long et qu’on va avoir assez de temps et de l’autre, on pense à tort que cette tâche nous prendra pas plus que 45 minutes. Bref, on se fait prendre à notre propre piège, soit celui de la perception du temps. 

Et c’est pourquoi, parce qu’on a mal géré, parce qu’on a mal anticipé, on dit « qu’on a manqué de temps ». Mais dans les faits, ce n’est pas un manque de temps. C’est juste une mauvaise gestion des tâches et des pièges. En bout de ligne, le seul responsable c’est toi. 

De mon côté, quand je me suis mise à voir ça sous cet angle, je me suis responsabilisée davantage par rapport au sentiment que j’avais de toujours courir après le temps et ça m’a permis de m’ajuster par rapport à tout ce qui ne fonctionnait pas. 

D’ailleurs, comprendre les pièges de la gestion des tâches et de la perception du temps, ça permet aussi d’être plus réaliste vis-à-vis tes priorités. Parce que ce n’est pas vrai que tout est prioritaire et urgent. De mon côté, j’ai ciblé 3 grands axes dans ma pratique et ce que je fais doit s’inscrire là-dedans. Autrement, c’est non pertinent. 

Prendre conscience de tout ça fait aussi en sorte que tu en mets moins dans ton assiette parce que parfois, selon le mood de ta journée, ça se peut aussi que tu sois juste moins efficace donc si tu en as trop pris, c’est facile de cumuler du retard. En en faisant moins, c’est plus simple de réorganiser ton horaire. 

En conclusion, je dirais qu’avant d’intégrer n’importe quelle stratégie d’organisation, c’est important de comprendre que ce n’est pas ton temps que tu gères, mais bien tes priorités et ta perception du temps. 

Les petits trucs qui m’ont aidée moi dans mes premiers pas vers la gestion et l’organisation de sa pratique :

  • Prends tes responsabilités pour le temps et change ta phrase pour « j’ai pas pris le temps ».

  • Cible tes priorités pour éviter de trop en mettre dans ton assiette en disant toujours oui.

  • Fais attention aux pièges de la gestion du temps et ajoute un surplus quand tu prévois une tâche ou mets moins de tâches que ce que tu mettrais habituellement dans une période donnée pour ne pas te faire prendre.

Précédent
Précédent

La semaine stratégique pour souffler entre les rush

Suivant
Suivant

Comment j’ai appris à mieux réagir aux imprévus